En immersion avec Creuse Oxygène à la Coupe du Monde de VTT

En immersion avec Creuse Oxygène à la Coupe du Monde de VTT

Pendant cinq jours, j'ai vécu avec l'équipe de Creuse Oxygène pour la manche de Coupe du Monde de VTT aux Gets en Haute-Savoie. Une expérience humaine qui m'a permis d'en apprendre beaucoup plus sur le fonctionnement du VTT lors d'une grande compétition internationale. Récit. 

Entraîner, c’est prévoir. Francis Menut, manager de l’équipe de VTT de Creuse Oxygène est bien placé pour le savoir, lui qui "coache" le team depuis sa création en 1992. Ce mercredi matin, il prend la route avec le camion siglé du logo de l’équipe en direction des Gets (Haute-Savoie). Chargé en matériel, en nourriture, en électroménager, il a tout prévu pour que ses coureurs, qui le rejoindront sur place, passent un week-end sans manquer de rien.

Entraîner, c’est aussi écumer les routes. Très régulièrement, Francis part sur les manches de Coupe de France ou de Coupe du Monde. “Là, ça va on a un peu plus de 5 heures de route, ce n'est pas grand-chose par rapport à des manches en Autriche ou en République Tchèque”, se satisfait-il.

Dernière manche de Coupe du Monde avant les Jeux Olympiques

Dernière manche de Coupe du Monde de la saison, cette épreuve aux Gets s’annonce comme une belle bataille avant les Jeux Olympiques de Tokyo. Ils sont cinq coureurs du Team Creuse Oxygène à participer à la compétition en Haute Savoie : Isaure Medde (U23 femmes), Loan Cheneval, Lukas Malezsewski (U23 hommes) et Jens Schuermans (Elites hommes). Ce dernier participera également aux Jeux Olympiques à Tokyo.

À peine arrivés sur place après 5 heures de route, il faut vite se mettre au travail. Récupérer le logement, décharger les affaires et se rendre à l’espace team pour installer la tente. Francis est aidé par Jérôme, mécanicien de l’équipe. Un peu plus superficiellement par moi. La tente se trouve sur un emplacement décidé par les organisateurs à proximité de la piste. On y installe tout le nécessaire mécanique, mais aussi la machine à café, un frigo, des fauteuils... C’est la base avancée des coureurs : là où ils effectueront les derniers réglages avant les entraînements et la course. Forcément, le confort y a son importance. 

Au fil de la semaine, la station des Gets s'est calée sur le rythme du cyclisme. La ville, entourée par les épreuves de descente VTT sur une montagne et par le cross-country sur la montagne d'en face, fourmille de fans de vélo mais aussi de coureurs et de leur équipe. En ces temps de coronavirus, cette proximité fait du bien à tous les participants, usés par ces compétitions à huis clos ou en jauge réduite.

Un plaisir de se retrouver

Au logement, les coureurs et les membres du staff arrivent les uns après les autres pour être tous là le jeudi. Au pic, on retrouve une dizaine de personnes en simultanée dans le logement loué par Francis. Chaque arrivée donne le sourire à toute l'équipe. Tout le monde est heureux de se retrouver et de partager des moments ensemble. Au fil des années, des amitiés se sont créées, tout le monde se connaît bien, demande des nouvelles de la famille. Vivre ensemble permet de rapidement nouer des liens, même si ce n’est que sur l’espace de plusieurs week-ends dans l’année. 

Le jeudi, c’est le jour des premières reconnaissances sur le parcours. Cette première séance est très importante pour les coureurs afin de découvrir leurs premières sensations sur le circuit. Ils commencent chacun à travailler sur les meilleures trajectoires, voir où ils sont le plus à l’aise. Les premières questions se posent : quel vélo utiliser ? Comment peut-on gagner du temps ? En contournant les sauts, en les prenant ? Chaque centimètre de la piste donne lieu à réflexion. 

Ces reconnaissances se poursuivent le soir à la location. Les coureurs partagent entre eux ce qu'ils ont ressenti sur la piste : comment améliorer leur trajectoire, les points de vigilance, etc. Ces moments de repas tous ensemble sont très importants pour continuer de discuter vélo et prendre toutes les informations possibles. L'ambiance y est détendue, chacun participe sous la houlette de Francis qui rappelle à tout le monde de participer aux tâches ménagères. 

Le VTT : une véritable Formule 1 ​

Vendredi, première course pour Jens Schuermans : la short-track, une course sur un format plus court que celle du dimanche. Les autres coureurs de l'équipe ont roulé le matin sur le circuit ou sur la route pour s’entraîner. À quelques heures de la course, les mécaniciens et Francis s’affairent sur le vélo du coureur belge. À ce niveau-là, on touche à la précision d'une Formule 1. Chaque détail compte, l’avis du coureur a aussi une grande importance sur l’assemblage du vélo. Des ajustements sont opérés jusqu’à quelques minutes avant le départ de la course. On retrouve également dans le VTT un certain secret sur les innovations. Il faut à tout prix éviter que les journalistes et les adversaires voient un vélo avec des innovations avant qu'il ne soit en course. Lors des compétitions, les observateurs scrutent avec attention tous les détails techniques des bécanes.

Parti de la cinquième ligne (autour de la 35e place), Jens a réalisé une belle performance en terminant à la 12e place. “Je suis content de mes sensations sur le vélo, j'avais de l'énergie, j'aime beaucoup ce circuit qui a été bien amélioré par rapport aux années précédentes”, a-t-il déclaré à la fin de la course. Le coureur belge avait tout de même du mal à trouver le sommeil après avoir couru en fin d'après-midi. "Ça me fait tout le temps ça après une short-track, difficile de m’endormir avec l'excitation d'une course tard et l'effort intense fourni."

Samedi, pas de compétition pour le cross-country, ce sont les vététistes de descente qui participent à leurs finales. Les coureurs de Creuse Oxygène se sont juste un peu entraînés le matin. Comme la pluie a fait son apparition, ils ont pu découvrir le circuit sous des conditions plus grasses. Une bonne chose puisqu’il a beaucoup plu en soirée et le dimanche pour toutes les courses de cross-country. 

De bonnes performances dans la boue

Dimanche, jour-J avec les épreuves phares pour les quatre coureurs du team. Réveil très matinal pour Isaure Medde, car sa course s'est déroulée à 8h30. Une matinée chargée puisqu'il fallait préparer toutes les affaires avant et après les courses pour pouvoir rendre le logement en début d'après-midi. Comme tout au long de la semaine, la solidarité a permis de rendre les tâches un peu moins difficiles et de ne pas y perdre trop de temps.

Côté sportif, la pluie tombée la veille a rendu le terrain très glissant pour cette première course U23. L’Istréenne est même tombée, mais elle a réussi à se relever rapidement et à repartir pour accrocher une jolie 11e place.

Chez les U23 garçons, déception pour les deux coureurs de Creuse Oxygène. Loan Cheneval n’a pas terminé la course. Il n'avait pas d'énergie alors qu'il souffre d'un Covid long. “Dès le départ, j’ai senti que je n’avais pas les jambes”. Parti dans les 15 premiers, il a calé au départ et s'est fait doubler par de nombreux coureurs. Il a préféré limiter la casse en abandonnant rapidement. De son côté, Lukas a fini à la 58e place. Une mauvaise performance pour le Belge qui espérait mieux.

Sur la course élite garçon, Jens Schuermans, parti douzième, nourrissait de belles ambitions à quelques semaines des Jeux. Bloqué par une chute dès le départ dans des conditions dantesques avec une pluie soutenue, il a perdu de nombreuses places. À la pédale, il a réussi à remonter jusqu’à la 13e place, mais des crampes l’ont empêché de continuer sa progression : il a finalement terminé 15e. Cela représente quand même une sacrée performance dans une course relevée gagnée par le leader de la Coupe du Monde, Mathias Flueckiger. Jordan Sarrou, ancien coureur de Creuse Oxygène et champion du monde en titre, a décroché la 3e place. Chez les hommes, la densité est tellement forte qu'il est difficile de pronostiquer un vainqueur aux prochains Jeux Olympiques. 

La course terminée, les coureurs, remplis de boue du casque aux chaussures, sont passés au karcher. A l'arrivée, il était presque impossible de discerner les couleurs de leur maillot sous la boue. Après avoir remballé la tente de l'espace team, nous nous sommes retrouvés avec quelques-uns des coureurs pour clore le week-end. Plusieurs membres de Creuse Oxygène se sont ensuite rendus à Levens (Alpes-Maritimes) pour les championnats de France le week-end du 10 juillet. Pour Jens, c'était les derniers jours en France avant de décoller pour le Japon le 14 juillet. Il espère être une bonne surprise de ces Jeux Olympiques. Sa course aura lieu le lundi 26 juillet.