Antoine raconte son Tour de la Creuse à Vélo - Jour 3

Antoine raconte son Tour de la Creuse à Vélo - Jour 3

C'est le moment de retrouver Antoine pour son Tour de la Creuse à Vélo. Reparti de Royère-de-Vassivière, le cycliste est passé par quelques communes du plateau avant de redescendre vers Felletin puis Aubusson. Il a bouclé son étape de 94 km par une nuit au camping de Chambon-sur-Voueize. 

 

Jour 3 : Royère-de-Vassivière → Chambon-sur-Voueize / 94 km – 989 m de dénivelé positif

Je redescends au village pour acheter quelque chose à manger à l'épicerie. Je me fais un café avec mon réchaud juste à côté, un homme d'une quarantaine d'années vient à ma rencontre depuis son camping car, buvant son café, tasse à la main. Nous échangeons sur son nouveau camping-car, acheté la veille. Il repart et deux autres personnes de soixante-dix ans m'abordent, lui m'explique qu'en me voyant, cela lui a rappelé des souvenirs quand il marchait avec son sac à dos, sa tente et bivouaquait dans les Pyrénées notamment. On sent qu'une énorme nostalgie l'envahit. Cette rencontre éphémère restera marquée comme tant d'autres depuis que je voyage à vélo, que je voyage en général que ce soit à pied ou en camion aménagé d'ailleurs.

Depuis Royère-de-Vassivière, le parcours flirte avec les 700 mètres d'altitude. Je n'ai pas l'impression d'être aussi haut, l'effet plateau certainement. La route mène ensuite au lac de Lavaud-Gelade sur la commune de St-Marc-à-Loubaud. Un pont qui borde celui-ci offre une belle vue. Je le contourne pour rejoindre des paysages faits de forêts de sapins, de feuillus, de prairies verdoyantes. Je m'arrête un instant devant une prairie où paissent des brebis, des béliers, des chèvres, des boucs. L'un d'eux vient se gratter contre la clôture servant de portail, l'écrasant tellement que le grillage se retrouve parfois à l'horizontal. Je souris, je leur parle. Ils doivent me prendre pour un fou ! Ou pas. Je les salue en partant. Au kilomètre 160, j'arrive à Felletin vers treize heures. En bas du village se trouve un pont médiéval offrant une belle photo. J'entre dans l'une des trois églises : l'Eglise du Moutier. Après avoir mangé, je m'assois à la terrasse d'un café donnant sur l'entrée de cette église. Deux personnes d'une soixantaine d'années discutent, ils évoquent les nombreux commerces qui existaient dans les années 80. L'un dit qu'autrefois, il ne descendait qu'une fois par mois dans la ville de Felletin car dans le lieu-dit où il habitait, il y avait les commerces essentiels. Aujourd'hui, autant vous dire que cela n'est plus le cas. Aujourd'hui, Felletin s'est pratiquement éteint malgré un grand potentiel. Je pense toutefois que la société est à un tournant, que ces villages seront de nouveau repeuplés, que les commerces réouvriront.

Après Felletin, la route reprend de la hauteur, elle permet alors d'apercevoir loin à l'horizon. On retrouve alors les paysages de début de parcours. On s'aperçoit alors des différentes facettes de la Creuse. En quelques kilomètres, le paysage change. C'est aussi ça la Creuse. Au kilomètre 163, j'entame une descente qui m'emmènera jusqu'à Aubusson sept kilomètres plus tard. Je me souviens alors avoir déjà pris cette route quelques années auparavant, à deux cette-fois-ci, mais dans l'autre sens, pour rejoindre Rocamadour depuis Châteauroux. Cette montée m'avait alors paru sans fin. A Aubusson, une brocante anime la ville. Ville mondialement connue pour ses tapisseries, la rue principale, malgré un charme fou, est endormie. Je le dis pour y être venu plusieurs fois. Cette ville mérite tellement mieux. Elle ne manque pas de cachet grâce à son patrimoine ancien.

Je repars en direction du Nord-Est, je ne vois que très peu de voitures comme depuis le début d'ailleurs. C'était ma crainte avant de partir : croiser trop de voitures car je savais que ce parcours n'empruntaient que des routes partagées mais rapidement après mon départ, ma crainte s'estompa. La suite du trajet est calme, je traverse des lieux-dits. Avec une main sur le guidon, je balaye mon regard de gauche à droite pour admirer les maisons. Je m'arrête régulièrement le long de la route pour contempler le paysage. Je vois très très loin devant, je sais donc que je vais redescendre en altitude. Je vois un panneau indiquant « Etang de la Naute ». Je me souviens y avoir dormi lors de Châteauroux → Rocamadour. C'est un endroit très beau avec une aire pour dormir. Du printemps jusqu'à l'automne sont organisés des concerts grâce à une association. Une fois à l'étang, je comprends en voyant des bouteilles de bières vides sur les tables en bois qu'un concert a eu lieu la veille. Je reste un moment pour manger un peu et boire. Et lorsque je décide de repartir, un homme d'une quarantaine d'années vient vers moi, me prend par l'épaule et me dit qu'il est très content de voir quelqu'un voyager de cette façon. Il m'explique alors qu'il est déjà parti également à vélo avec sa tente mais qu'il ne le faisait plus. Je lui demande pourquoi. Il me répond qu'il ne sait pas trop pourquoi mais que cela lui manque. Un de ses amis dit alors en rigolant qu'il devrait déjà arrêter de boire et de fumer. Il m'offre ensuite une bière. Quelques minutes plus tard, je reprends la route, le laissant lui et ses amis jouer à la pétanque.

La suite du parcours offre de beaux panoramas car la route se trouve un peu comme sur une ligne de crête. J'arrive à Lussat, un sympathique village perché, je me sens bien dans ce village. L'étang des Landes, au pied du village, serait un spot parfait pour dormir mais je voulais absolument dormir à Chambon-sur-Voueize quelques kilomètres plus tard. Je ne sais pas trop pourquoi mais j'avais ça dans la tête. Environ dix kilomètres de descente séparent Lussat de cette bourgade. Je mets ainsi le cap sur ce village classé troisième « Village préféré des français » en 2014, connu principalement pour son abbatiale : Sainte-Valérie. 

Il doit être environ dix-neuf heures et trente minutes lorsque j'arrive. La ville nous accueille avec son très beau pont roman en granit du XIVème ou XVème siècle. Je savais avant de venir que le camping municipal était ouvert et proposait des tarifs presque imbattables. Je le rejoins donc et passe la nuit pour 3,72 euros.