Antoine raconte son Tour de la Creuse à Vélo - Jour 2

Antoine raconte son Tour de la Creuse à Vélo - Jour 2

Après une première étape idyllique entre Crozant et Bénévent-l'Abbaye - mis à part une morsure de chien en fin de parcours - Antoine Lacot, habitant de l'Indre, poursuit son Tour de la Creuse à Vélo. Au départ de Bénévent, il poursuit sa route en direction de Royère-de-Vassivière. Une étape exigeante avec un fort dénivelé qui lui a bien brûlé les cuisses. Mais malgré la dureté de l'étape, notre voyageur à vélo continue de nous faire vivre son périple et ses différentes découvertes tout au long de son trajet.
 

Jour 2 : Bénévent-l'Abbaye → Royère-de-Vassivière / 76 km - 1360 mètres de dénivelé positif

Le lendemain matin, je prends un café au bar du village accompagné d'un pain aux raisins et d'un croissant aux amandes tout en discutant avec une personne de mon âge ou presque (trente et un ans) sur la vie, le rapport de l'argent avec la société, l'écologie et sur le premier tour des élections. Une heure et trente minutes plus tard, je pars. Il est dix heures et quarante-cinq minutes.

Les paysages changent, des sapins se dévoilent tout comme des lacs, je m'éloigne encore davantage du niveau de l'océan. Les montées et forcément descentes sont plus nombreuses et surtout plus longues. A Châtelus-le-Marcheix, je descend au bord de la rivière Le Thaurion plus large à cet endroit. Avec le soleil et les sapins, la vue est très agréable. La prochaine montée, beaucoup moins ! La petite route, ombragée, mène sur les hauteurs du puy. Plusieurs points de vue permettent de contempler ces beaux paysages et parfois des châteaux et des grosses demeures anciennes. Ca y est, je suis arrivé en haut du puy ou tout du moins, à l'endroit le plus haut de la route de ce puy (524 mètres). Il culmine à 638 mètres. Il est alors l'heure de redescendre dans la vallée à travers la forêt. Cinq kilomètres de descente pour revenir à une altitude de 420 mètres. Quelques minutes plus tard, j'arrive à Bourganeuf où trône un château datant du XIIème siècle et la fameuse tour Zizim, édifiée au XVème siècle pour détenir le prince Zizim, fils du sultan ottoman Mehmed II. Bourganeuf conserve un grand patrimoine mais est une ville dormante, c'est en tout cas mon ressenti. Heureusement, quelques Britanniques étaient assis à la terrasse d'un café pour mettre un peu de vie sur la place. En Creuse, on croise beaucoup de Britannique, de Hollandais et de Belges. D'ailleurs, juste avant mon arrivée à Bourganeuf, j'ai assisté durant quelques minutes à la tonte de deux moutons chez des Anglais.

Après avoir mangé, je reprends la route toujours en direction du Sud-Est, le décor est encore différent. Les prairies sont toujours aussi vertes mais désormais, nous sommes sur le plateau des Millevaches, la route ne grimpe alors plus autant. Ce territoire semble encore plus isolé dans le bon sens du terme. Ici, on vit au calme. La nature est omniprésente. Les cours d'eau serpentent au milieu de nulle part, quelques ponts « planche » en pierre passent au-dessus de l'eau, des vestiges d'anciennes fermes et d'anciens bâtiments se dévoilent. Le temps a passé. Les lieux-dits se sont vidés. C'est assez triste mais heureusement, des gens reviennent, le temps des hameaux n'est peut-être pas définitivement terminé. Je l'espère ! Sur les routes du plateau, on roule au milieu des tourbières. Des milliers d'années de mélange d'espèces végétales et animales ont créées ces écosystèmes, indispensables à l'équilibre de la vie sur Terre. On parle souvent des forêts comme les principaux puits de carbone, mais les tourbières en sont également. Tout élément naturel dérangé est un puits de carbone menacé.

Au kilomètre 120, j'aperçois l'un des plus grands lacs artificiels de France : Vassivière (à cheval sur deux départements : Creuse et Haute-Vienne) qui est un des plus grands attraits de la Creuse. Plusieurs bases de loisirs ont été créés autour, on peut y faire du voilier, du canoë, se baigner, etc. Le circuit longe le nord du lac d'Ouest en Est pour remonter ensuite vers le Nord en direction de Royère-de-Vassivière. Village dont seuls subsistent comme commerces une petite épicerie et un bar-restaurant plutôt dynamique. Il est charmant avec sa belle église mais celui-ci est victime du succès du lac à seulement quelques kilomètres. Deux bières plus tard, je me lance à la recherche d'un endroit pour dormir. Ce sera près du terrain de tennis plus haut. Je repense alors à cette étape et à sa difficulté. Je regarde sur l'application Open Runner mon tracé, je comprends alors mieux pourquoi mes cuisses me tirent : 76 kilomètres, 1360 mètres de dénivelé positif.

 

Antoine Lacot